Produire, porter et offrir le logement de demain
Il faut appeler une politique du logement responsable et partagée qui oriente chaque énergie vers des objectifs simples :
Construire là où il faut :
pour maîtriser l’étalement urbain
pour fabriquer de la ville,
pour créer la solidarité territoriale,
Répondre à des besoins précis,
en investissant les citoyens dans la maîtrise de leur cadre bâti,
en développant et diffusant les outils de connaissance du territoire,
en ciblant mieux les aides de l'état,
Construire maintenant et durablement,
en créant un espace public de qualité,
en encourageant l’innovation dans l’habitat et les formes urbaines
en assouplissant les réglementations
Construire là où il faut
L'objectif politique de construction de 500 000 logements par an permettrait de résorber une situation de pénurie héritée de la période 1975-1985, sans pour autant mettre fin à une situation absurde : aujourd’hui, malgré une augmentation du nombre de logements supérieure à celle de la population, à cause de politiques de relance mal ciblées, la discontinuité de l’offre ne permet pas de répondre à la demande des classes moyennes en site urbain alors que l’offre de « logements investisseurs » située dans des zones de marché déprimés peinent à trouver preneurs.
- Les grands bassins d'emplois n'offrent pas de logements accessibles aux employés,
- les grands centres universitaires n'ont pas l'hébergement pour les étudiants
- là où il n’y a aucune intensité urbaine, l'investissement immobilier occasionne éloignement et étalement.
Maîtriser l’étalement urbain
L’occupation du territoire français est parmi les moins denses d’Europe.
Pour en finir avec un désert français parsemé des zones hyperdenses et congestionnées, il faut savoir développer en préservant.
Le développement doit être soigneusement encadré afin que les zones à urbaniser, à densifier ou à sanctuariser ne soient plus choisies par des mécaniques spéculatives, des investissements aveugles ou des réflexes protectionnistes.
La recherche d’économie de l’effort collectif, de solidarité territoriale, et de maîtrise de la consommation du territoire, doivent être les moteurs du développement durable du territoire.
Fabriquer de la ville
Pour désamorcer la pression foncière des zones hyperdenses, il faut également créer de nouvelles conditions d’intensité urbaine en investissant massivement dans des territoires périurbains délaissés et en développant de nouveaux territoires aux composantes équilibrées.
L’offre doit être une réponse à des besoins précisément identifiés, localisés et reliant les problématiques de logement, emploi, éducation, formation, et structure de transport sur une échelle de territoire adaptée.
Une politique du logement réactive doit s'appuyer sur une parfaite connaissance des réalités locales.
Renforcer les méthodes d'analyse et de connaissance du territoire et multiplier les études urbaines.
Créer une solidarité territoriale
Le logement doit s'inscrire dans un ensemble de structures et de services adaptés. L’intégration du logement ne peut pas se faire sans le développement de dessertes par les transports en commun qui doivent faciliter l’accès aux équipements, aux services, aux bassins d’emplois, et à tout ce qui constitue la richesse du tissu urbain.
Il faut investir dans l'équipement du territoire au même rythme que dans la construction de logements
Répondre à des besoins précis.
Un déficit de culture partagée sur tous les sujets liés à l’organisation de l’espace est à l’origine du manque de résultats des politiques d'aménagement du territoire.
Le logement est un droit, il participe à la fabrique du territoire, il est créateur de lien social ; en cela il doit répondre aux attentes de toutes les composantes de la société et en être son reflet parfait.
Il s'agit non seulement de désamorcer la crise immobilière, mais également de retrouver la liberté du parcours résidentiel, faciliter le regroupement familial, favoriser le vivre ensemble, renouveler un parc énergivore et permettre à tous l’accès au confort.
Investir les citoyens dans la maîtrise de leur environnement bâti (ou de leur cadre de vie)
Pour une politique adaptée à la réalité du terrain, la mobilisation de tous est nécessaire.
Il faut des habitants et des usagers impliqués dans la conception de leur cadre de vie, dans les politiques de la ville, soutenant la position et le travail des architectes et autres acteurs de la construction.
Pour que les énergies participatives trouvent un relais efficace dans l'organisation des grands courants de société, il faut une société civile investie, formée, informée et compétente.
Pour cela, il est nécessaire d’enseigner l'architecture dès le plus jeune âge et de favoriser par tous moyens la diffusion large de la culture de l'espace et de la ville.
Développer et diffuser les outils de connaissance du territoire
La mise à disposition de tous d'outils gratuits permettant une bonne compréhension du territoire, de son développement, de sa pratique, la situation de l'emploi, les disponibilités foncières, l'offre de logements, est une garantie de réussite des politiques territoriales.
Pour que les habitants puissent s’investir sur leur territoire et participer à son développement, il faut développer et mettre à disposition de tous des outils de compréhension et de pratique du territoire.
Mieux cibler les aides de l'Etat
La question de la gouvernance et de l'échelle du territoire est déterminante.
Les grands choix de société sur la question du territoire, son développement, son accessibilité, son équipement, sa préservation, doivent être assumés et fortement impulsés par une politique nationale et des aides publiques à la hauteur.
Les conditions de son application locale doivent être définies et maîtrisées par les collectivités qui ont la connaissance et la maîtrise du terrain.
Il faut simplifier les chaines de décisions et définir des échelles de gouvernance adaptées à chaque facette de l'aménagement du territoire, le transport, l'emploi, le logement,...
L'échelon régional est pertinent pour les compétences telles que le transport et le développement économique, les intercommunalités pour la maîtrise de projet locaux comme l'architecture et l'urbanisme.
Les lois sur la solidarité et le renouvellement urbain, non négociables, doivent s'appliquer sans distinction sur l'ensemble du territoire national.
Les aides doivent être calibrées et distribuées sous la responsabilité des échelons locaux en s'appuyant sur des structures professionnelles compétentes.
Construire maintenant et durablement
Nous avons étendu les zones urbaines au rythme des afflux de population et au détriment des terres agricoles. Avec le pavillonnaire, nous avons gelé de manière durable les franges urbaines nécessaire à la respiration et aujourd'hui irrécupérables pour la ville. Le secteur du bâtiment reste un des plus difficiles à faire évoluer.
Pour construire plus et mieux, nous devons changer notre mode de consommation du territoire et des ressources naturelles.
Produire un espace public de qualité
Chacun attend de son logement une protection, un lieu accueillant, agréable, qui puisse répondre aux besoins changeants de la vie, mais qui soit également proche des infrastructures de transports, de services et des zones d’emplois.
Le logement génère des problématiques qui échappent à sa simple conception.
La société attend également beaucoup du logement, qu’il prenne en charge les tensions sociales, la sécurité, le vieillissement de la population, la question énergétique, environnementale et territoriale, tout en garantissant la qualité de vie à laquelle chacun peut prétendre. La qualité de l’espace public est indissociable de l’offre de logement: L'intensification urbaine n’est envisageable que si elle est accompagnée d’une réflexion sur l’espace public créateur les liens sociaux.
Encourager l’innovation dans l’habitat et les formes urbaines
La réflexion sur les nouvelles formes urbaines permet d’interroger les limites du collectif et de développer de nouvelles formes d'habitat telles que l'intermédiaire ou l'individuel dense. La ville dense est une ville qui offre l'effort collectif au plus grand nombre.
Il faut analyser l'idéal individuel pour enrichir l'offre collective sans pour autant ériger la densité comme l'unique objectif vertueux ni tourner le dos aux aspirations individuelles.
Le pavillonnaire peut s'envisager s'il est cadré dans un projet urbain à long terme et que son évolution, sa densification ont été planifiés.
Il faut investir dans la recherche urbaine. Pour la richesse de l'offre, il est nécessaire d'adapter formes et densités aux particularités locales et au projet global de ville.
D’autre part, l'effort dans la recherche d'économie des ressources naturelles ne doit pas être entravé par des rigidités règlementaires.
L'État doit renforcer les procédures d'incitation à l'innovation à l'attention des architectes, des industriels et autres acteurs de la construction, encourager les opérations exemplaires en terme de qualité architecturale, environnementale, énergétique, d'insertion urbaines, d'accessibilité et de mixité.
Il est possible de valoriser la qualité architecturale et urbaine en attribuant les aides publiques en fonction de la qualité;
Nous proposons pour cela la création d'une surface de plancher pondérée, intégrant dans le calcul des aides allouées par l'Etat des critères architecturaux, urbains, environnementaux et énergétiques précis.
Assouplir les règlementations
Il est fondamental que chacun puisse se loger dignement et ce, quelles que soient ses difficultés personnelles (financières ou handicap). La période de crise économique que nous traversons, jumelée aux situations de handicap et de vieillissement de la population invite à réfléchir à des logements adaptés et accessibles accompagnant les parcours de vie. Le logement doit être en mesure de s’adapter aux évolutions de la famille, de la société et des technologies.
Pour cela il est nécessaire de développer une réflexion prospective sur les modes d'habiter libérée des contraintes réglementaires.
Il faut introduire dans les normes, des variables d'ajustement évaluées par des commissions de professionnels, qui garantissent accessibilité et qualité du cadre de vie pour tous.