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Réconcilier besoin et envie d'architecture


Texte diffusé dans le cadre des universités d'été de l'architecture – "transformons nos métiers"

Le besoin d’architecture se fait ressentir dans nos territoires dont les paysages ne traduisent plus un mode de vie et sont souvent le fruit des logiques libérales, binaires, exemptes de désirs, d’une société qui se cherche. L’envie et l’intérêt restent en retrait par rapport à l’urgence et au profit. Les architectes, dont le travail consiste à répondre aux besoins exprimés aujourd’hui et pour les générations suivantes, ont un besoin vital d’appui et de compréhension de la part de la société entière, pas seulement des acteurs de la construction. C’est le message que fait passer la profession lorsqu’elle se rapproche sans intermédiaire de l’utilisateur, de l’usager, de l’élu, explorant des moyens nouveaux tels que la programmation participative, le travail collaboratif, l’économie circulaire, inventant de nouvelles pratiques du territoire, suscitant intérêt et envie en échappant aux lourdeurs de la production du cadre bâti, le tout porté par le public et l’évidence du bon sens.

DES PRATICIENS DANS LA VILLE

L’image entretenue de l’architecte distant, auteur/compétiteur, décideur auto-satisfait malmené par la société, cède petit à petit la place à celle du praticien utile, animateur de proximité, commentant et partageant ses prises de décision, présent et physiquement identifié dans la ville. En intéressant le public aux pratiques du métier, en ouvrant les portes des agences, en animant des groupes participatifs, en invitant des disciplines connexes, le tout dans des lieux à l’identité urbaine forte, les architectes ancrent la profession dans la société et apportent du sens et du lien dans les territoires.

DE NOUVEAUX CHAMPS DE MAÎTRISE

Ils cherchent par différents moyens à élargir leurs appuis, étendre leurs champs de compétence en se formant et s’informant sur les pratiques amont et aval du projet. Ils créent et investissent des nouveaux espaces d’échange et de rencontre. Ils partagent leurs expériences, lieux et outils de travail avec leurs confrères et de nouveaux acteurs de la ville. Ils génèrent leurs propres théâtres d’intervention pour s’en assurer la maitrise et garder le contact avec l’usage.

DE NOUVEAUX SCHÉMAS ÉCONOMIQUES

Les situations d’urgences et de crises successives ont augmenté les prises de risques pour les architectes. Le partage des décisions n’impliquant pas le partage des risques, un encadrement de ces nouvelles pratiques est devenu vital. Les cadres réglementaires, législatifs et économiques dans lesquels les architectes évoluent ne sont plus adaptés, au point que certains ne se reconnaissent plus dans le titre. Or, en réaffirmant l’usage comme le lien privilégié entre les architectes et le public, ils rejoignent les préoccupations fondamentales de la profession. Le législateur a intégré dans la loi ALUR le principe de l’expérimentation et de l’implication citoyenne. Dans les faits, les architectes restent souvent seuls à porter le poids de l’innovation face à la nécessité de résultats immédiats et malgré les restrictions budgétaires et l’inflation réglementaire. De nouvelles missions, des actes impliquant de nouvelles responsabilités apparaissent. Si le cadre de la profession réglementée n’évolue pas au même rythme, le risque est grand de ne pas trouver les schémas économiques viables pour les agences qui relèvent les nouveaux défis du siècle.

UNE CULTURE PARTAGÉE

C’est au travers de ses cadres institutionnels que la société doit reconnaître durablement la diversité des champs d’exercice de l’architecture et c’est bien dans ces cadres que la profession organise la solidarité et la rencontre avec le public. C’est donc aux tenants de ces nouvelles pratiques d’investir l’institution afin de lui donner la plasticité nécessaire aux modifications de nos cadres de vie. L’architecte réaffirme son rôle social dans ces pratiques. Formé pour comprendre et organiser les espaces de l’activité humaine, il doit également œuvrer à la mise en place d’un cadre adapté aux évolutions de son métier. Les expériences récentes suscitent intérêt et enthousiasme du public et des acteurs de la construction. Si l’envie d’architecture naît de pratiques pionnières de professionnels réactifs et attentifs aux besoins de leurs contemporains, la culture architecturale viendra des pratiques durables d’une profession organisée et portée par une société séduite et convaincue.


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